jeudi 16 mai 2019

LES VITOULETS DE CHARLEROI




La saison des Marches de l'Entre-Sambre-et-Meuse a débuté le 06 mai, c'est le village de Tarcienne qui ouvre chaque année la saison des marches. Le 06 mai avait donc lieu la Marche Saint-Fiacre du nom du Saint qui protège le village.
Marcher donne soif mais aussi faim, un des plats emblématiques des marches est le vitoulet. Vous découvrirez ci-dessous l'histoire et la recette du vitoulet, ainsi qu'une explication sur les Marches de l'Entre-Sambre-et-Meuse.

Vitoulet de Charleroi

Les vitoulets sont certainement le mets emblématique du Pays de Charleroi. Malheureusement, une partie des Carolorégiens les méprisent et se refusent à les mettre sur leurs tables quand ils reçoivent des amis étrangers. Et la plupart des "fritures" (J'écris et je dis friture notre mot wallon, plus savoureux que le mot français friterie), snacks et autres boucheries préfèrent vendre les boulettes industrielles qui n’ont aucun rapport avec la succulence de notre vitoulet.
Plat traditionnel du Pays de Charleroi et de l'Entre-Sambre-et-Meuse, il est l'héritage de notre passé ouvrier et encore fort usité de nos jours. Il peut se manger chaud, nature, à la sauce tomate ou froid.
Dans l'Entre-Sambre-et-Meuse, célèbre pour ses marches folkloriques, nous rencontrons aussi les "vitoulets de marcheur", identiques aux autres. Ils figurent souvent aux menus des marcheurs, le midi à la sauce tomates avec des frites et au cours de la journée en fonction des haltes comme en-cas froid, avec une petite "goutte" ou une bonne bière bien fraîche. Chaque cuisinière ayant son petit secret pour la préparation des vitoulets, chacune prétend servir les meilleurs de la marche.

Les "vitoulets de baudet"

Le vitoulet de baudet est un vitoulet où le hachis porc et veau est remplacé par du hachis porc et cheval. Ce qui est en réalité la première composition du vitoulet.
Ce vitoulet est très en vogue dans la région de Gerpinnes.
Située au sud de Charleroi la commune de Gerpinnes (en wallon Djerpene) est l'une des communes et villages de l'Entre-Sambre-et-Meuse faisant partie des marches folkloriques.
La Marche Sainte-Rolende de Gerpinnes est la plus connue et l'une des plus grandes Marches Folkloriques de l'Entre-Sambre-et-Meuse
Cette marche fait partie des quinze Marches de l'Entre-Sambre-et-Meuse qui ont été reconnues en décembre 2012 comme chef-d'œuvre du patrimoine oral et immatériel de l'humanité par l'UNESCO.

ORIGINE DU MOT "VITOULET"

Le nom de vitoulet aurait trois origines, la première, nous dit que dans l'ancien temps, quand un visiteur arrivait à l'improviste, on lui offrait un verre ou un café et on envoyait vite un des enfants chercher du "haché" (déformation wallonne du mot hachis, réduction de "viande hachée" en un mot "le haché") chez le boucher. Avec "le haché", on préparait en vitesse des boulettes de viande que l'on cuisait à la graisse. L'action de réaliser en vitesse ces boulettes, qui étaient de vite les tourner, a évolué en vitouilé et ensuite en vitoulet. Le terme français "Touiller" c'est à dire mélanger était souvent utilisé en wallon de Charleroi et ma grand-mère maternelle qui avait souvent de la visite à l'improviste nous a souvent envoyé, mes cousins ou moi, chez le boucher du quartier acheter du "haché" pour vite le touiller et offrir à ses invités de bons vitoulets.
La deuxième version, plus scientifique, nous dit : Vitoulet est un mot du français de Belgique considéré comme une altération du français "vitelot", lui-même dérivé de vit (membre viril) en raison de l'analogie de forme. À l'origine, les vitoulets auraient été des fricadelles allongées et pointues aux deux extrémités, d'où le rapport au sexe masculin. Mais de mémoire de vieux Carolo (les habitants de Charleroi sont appelés "Carolorégien" et en raccourcit "Carolo") les vitoulets ont toujours été rond, ce qui rend cette définition peu plausible.
La troisième, donnerait comme origine le mot latin "Vitulus" signifiant veau avec comme argument qu'à l'origine le "vitoulet" était constitué uniquement de viande de veau, ce qui est une erreur, à l'origine la boulette Carolorégienne était composée de viande de porc et de viande de cheval ou de bœuf, le veau étant hors de portée du portefeuille de nos grand-mères. N'oublions pas que le vitoulet est aussi un plat d'ouvrier, qu'il emporte avec lui sur le lieu de son travail. De plus une boulette uniquement à la viande de veau serait beaucoup trop sèche et manquerait de moelleux. Cette explication n'a donc aucun sens.

L'origine populaire du mot dérivant du "touillage" est donc la plus plausible.

Actuellement la plupart des ménagères utilisent du hachis de porc et veau (bien que la proportion de veau dans les hachis de grande surface soit minime) suite à l'évolution de notre pouvoir d'achat et de la baisse de prix de la viande de veau.

William Dunker, dans sa chanson "Condroz et Western", nous apporte la preuve que le vitoulet carolorégien s'est exporté aux États-Unis :

"On m'dîra t'ègzagère! Mès godome in n-ambûrguère,
Ça n'èst k'in vitoulèt stitchî dins-in pistolèt..."
(On me dira, tu exagères ! Mais enfin, un hamburger,
Ce n'est qu'un vitoulet fourré dans un pistolet).

Pour réaliser vos vitoulets :

Ingrédients : 


  • ·        1kg de hachis porc et veau non assaisonné
  • ·        2 tartines de pain blanc
  • ·        Du lait
  • ·        1 œuf entier
  • ·        1 à 2 échalotes suivant leur grosseur
  • ·        1 branche de persil
  • ·        1 gousse d'ail (facultatif)
  • ·        Du beurre
  • ·        Sel
  • ·        Poivre.

Préparation :

1.     Dans un plat, mettre le hachis ; avec votre poing, faire un cratère au milieu de la viande.



2.     Mettre tremper le pain dans le lait, le presser dans vos mains pour en extraire l'excès d'humidité.



3.     Ajouter le pain dans le cratère, assaisonner de sel, poivre, ajouter l'œuf, l'échalote, le persil haché, l'ail écrasé (si vous voulez), le sel et le poivre et pétrir le tout pour obtenir une pâte bien homogène.

 

4.     Diviser la pâte en vingt boulettes, leur donner une forme ronde en les tournant entre les deux mains.


5.     Les cuire au beurre dans une poêle en les retournant pour bien les dorer. La cuisson dure plus ou moins trente minutes.

6.     Les vitoulets se mangent chauds ou froids.

Traditionnellement, ils sont servis chauds avec une djoute à scaroles et de la moutarde. Froids, ils constituent souvent le pique-nique des écoliers, des ouvriers ou des promeneurs.
Vous pouvez facilement doubler les proportions pour en avoir pour le lendemain, s'il en reste.




Vous retrouverez la recette des Vitoulets et bien d'autres dans mon livre

Qu'est-ce que les Marches

de l'Entre-Sambre-et-Meuse ?



Pour la population de l'Entre-Sambre-et-Meuse marcher ne signifie pas "changer d'endroit" :

    « Marcher », c'est revêtir un costume d'un autre âge.
    « Marcher », c'est évoluer derrière les tambours et les fifres.
    « Marcher », c'est faire parler la poudre.
    « Marcher », c'est rendre les honneurs.
    « Marcher », c'est vivre et faire revivre d'anciennes traditions.
    « Marcher », c'est accompagner les plus jeunes pour les années à venir.
    « Marcher », c'est escorter une procession.





Fanfare Royale d'Acoz quittant la cour du château d'Acoz
lors de la "Marche Sainte-Rolende" 2007
Photo, Jean-Pol Grandmont

Se déroulant de mai à octobre, les Marches Folkloriques de l'Entre-Sambre-et-Meuse ont pour origine d'anciennes processions religieuses en l'honneur des saints locaux, protecteurs des paroisses.
Au fil du temps, bien que l'aspect religieux ne soit totalement disparu, elles ont pris un caractère plus folklorique.
Ces processions à caractère religieux trouvent leur origine dans les processions de la Fête-Dieu.
Au fil du temps, elles ont été dédiées à un saint qui avait miraculeusement intervenu en faveur de la communauté villageoise. Les marches sont ainsi placées sous le patronage d'un saint.
Les marcheurs sont en réalité l'héritage des milices rurales et urbaines qui chargées de protéger les bourgs et les villes, rendaient également les honneurs lors des manifestations importantes dans la localité. Elles accompagnaient aussi les processions et les pèlerins qui étaient régulièrement la cible des brigands.
Au fil du temps, les milices ont fait place à des groupements à caractère civil, souvent constitué de jeunes hommes non mariés, ces sociétés appelées "Les jeunesses" seront chargées d'organiser les festivités du village.
L'aspect militaire des escortes des processions fut conservé. Les équipements militaires devenant de plus en plus rare, peu à peu les uniformes du premier et du deuxième empire ainsi que de la garde civique belge s'imposeront comme uniforme officiel des marches.


Les quinze marches reprises sur la liste du patrimoine oral et immatériel de l'humanité se déroulent dans les localités suivantes :

    Acoz (Gerpinnes) : marche Saint-Roch et Saint-Frégo
    Biesmerée (Mettet) : marche Saint-Pierre
    Florennes : marche Saints-Pierre-et-Paul
    Fosses-la-Ville : marche Saint-Feuillen, marche septennale.
          La dernière marche a eu lieu en 2012.
    Gerpinnes : marche Sainte-Rolende
    Ham-sur-Heure (Ham-sur-Heure-Nalinnes) : marche Saint-Roch
    Jumet (Charleroi) : Tour de la Madeleine
    Laneffe (Walcourt) : marche Saint-Éloi
    Morialmé (Florennes) : marche Saint-Pierre
    Silenrieux (Cerfontaine) : marche Sainte-Anne
    Tarcienne (Walcourt) : marche Saint-Fiacre, le premier dimanche de mai
    Thuin : marche Saint-Roch
    Thy-le-Château (Walcourt) : marche Saints-Pierre-et-Paul
    Villers-Deux-Églises (Cerfontaine) : marche Saint-Pierre
    Walcourt : Marche de la Trinité


Lien vers le calendrier 2018 des marches :



L'ADRESSE DU JOUR :





Réputée dans toute la région de Charleroi, la boucherie Blaimont existe depuis 1939.
Perrine Blaimont nous en parle : "au départ, c'est mon grand-père qui l'a créée et ensuite en 1979, c'est mon papa, Michel qui a pris la relève ! Depuis 2 ans, mon Frère Gauthier et moi collaboront à la boucherie. Nos bêtes choisies pour leur qualité proviennent des fermes environnantes. Nos charcuteries sont artisanales : pâtés traditionnels, boudins, tête pressée, ... Nos spécialités sont le foie gras, la saucisse para negra, et le bœuf maturé !




La famille Blaimont aux commandes de la boucherie.
De gauche à droite : 
Perrine la fille, responsable du service traiteur
Michel le papa, boucher
Gauthier le fils, boucher spécialiste de la viande maturée
et en perpétuelle recherche de nouvelles recettes de charcuterie et autre.





Boucherie Blaimont, 7 Rue Willy Brogneaux à Jamioulx  - 071/21.32.07 
 Ouverture du mardi au vendredi de 8h00 à 18h30, le samedi de 8h à 17h
et le dimanche de 8h30 à 12h30.


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